Entreprendre au féminin #2 : Niveau de vie
Entre fantasme de liberté et réalité économique
Cet article est issu de ma newsletter de juillet 2025.
Je le partage ici en entier pour continuer la série « Entreprendre au féminin » et nourrir nos réflexions ensemble.
Quand on parle d’entrepreneuriat féminin, le mot “liberté” revient souvent. Liberté de créer, d’organiser son temps, de choisir ses projets. Liberté de fuir un cadre salarial rigide, parfois injuste, souvent usant. Et parfois, liberté d’espérer mieux : mieux gagner sa vie, mieux valoriser ses compétences, mieux s’épanouir.
Mais cette liberté rêvée se heurte souvent à une réalité plus complexe, plus rugueuse. Car si entreprendre permet d’aligner son quotidien à ses valeurs, cela ne garantit pas un niveau de vie confortable. Et c’est là que le fantasme se heurte aux chiffres.
Le fantasme de liberté, moteur puissant
D’après le baromètre 2025 sur l’entrepreneuriat des femmes en France, publié par Madame Figaro avec She’s Mercedes et Kantar, 59 % des femmes trouvent plus motivant d’être entrepreneuse que salariée. Ce n’est pas anodin. La promesse d’un emploi sur-mesure, de journées plus libres, d’un environnement choisi et d’un rapport plus direct à la création séduit profondément.
Le régime de la micro-entreprise, simple et rapide à mettre en place, renforce cet attrait. Il évoque l’idée d’un “test sans risque”, d’un premier pas vers l’indépendance sans lourdeur administrative.
Beaucoup de femmes – notamment les mamans – y voient aussi une chance de mieux concilier vie pro et vie perso, de respecter leur propre rythme, de s’extraire des contraintes horaires qui les ont tant fatiguées dans leurs expériences passées.
Mais cette “liberté” apparente peut cacher un piège : celui de l’isolement, de la précarité et… de l’auto-exploitation.
Une réalité économique bien plus rude
Créer, c’est bien. Faire vivre durablement son activité, c’est autre chose.
Selon les données du baromètre, 26 % des entreprises créées par des femmes avec moins de 1 000 € de capital initial n’atteignent pas 15 000 € de chiffre d’affaires après trois ans. Ce chiffre dit tout : l’entrepreneuriat féminin, dans sa version micro ou solo, rime encore trop souvent avec revenus modestes, voire très faibles.
Pourquoi ? Parce que les secteurs choisis sont souvent les plus saturés (services, bien-être, petite création). Parce que les marges y sont faibles, la concurrence rude, la valorisation difficile. Parce que les femmes osent parfois moins facturer au juste prix, ou peinent à assumer une posture commerciale affirmée.
Et surtout : parce que le financement reste un défi colossal. Seules 2 % des levées de fonds de plus de 50 millions d’euros concernent des entreprises dirigées par des femmes. L’accès aux aides, aux prêts, à l’investissement reste biaisé, lent, et opaque pour beaucoup.
Charge mentale et instabilité : les angles morts du discours
À cela s’ajoute une pression rarement nommée : celle de devoir tout porter.Les clientes, les offres, la visibilité, les relances… Et parfois, les enfants à 16h30, les repas, les imprévus de la vie. La fameuse “liberté” devient alors une double journée, une autonomie qui n’est ni accompagnée ni sécurisée.
Même si 70 % des femmes entrepreneures arrivent à stabiliser leur activité, elles sont bien moins nombreuses que les hommes à générer de l’emploi ou à faire croître leur entreprise à grande échelle.
Le succès, oui. Mais souvent à petite échelle. Avec un revenu qui ne permet pas toujours de se dégager un vrai salaire, ni de cotiser correctement, ni d’avoir une couverture solide en cas de coup dur.
En résumé : Réaliste mais pas résignée
Faut-il pour autant abandonner ce rêve ? Non. Il faut le regarder en face, avec lucidité, et y apporter des réponses structurelles.
L’entrepreneuriat féminin continue de porter une promesse forte : celle de la liberté.Mais derrière cette aspiration légitime, la réalité économique reste parfois brutale : faibles revenus, accès limité aux financements, charge mentale intense, secteurs saturés.
Créer son activité, oui. En vivre confortablement et durablement, c’est un autre défi.Ce n’est pas une raison pour renoncer, mais un appel à plus de lucidité, de soutien et de reconnaissance.Et dans ce parcours parfois solitaire, rejoindre un collectif ou se faire accompagner peut être un véritable levier — pour se sentir moins seule, avancer plus vite, et poser des bases solides.
Pour que la liberté d’entreprendre ne soit pas une illusion… mais une voie construite, choisie, et réellement viable.
Et toi ?
Quand tu penses à ton niveau de vie, qu’est-ce que ça évoque pour toi ?
Est-ce une motivation, une inquiétude, un équilibre à trouver ? Peut-être un mélange des trois ?
J’aimerais beaucoup lire ton ressenti et tes réflexions en commentaire 👇
À suivre dans cette série :
#3 – Santé mentale : l'autre prix caché de l'entrepreneuriat
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