Entreprendre au féminin #3 : Santé mentale
L’autre prix caché de l’entrepreneuriat
On parle souvent de liberté, de passion, de dépassement de soi quand on évoque l’entrepreneuriat.
Mais on parle beaucoup moins de ce qu’il en coûte émotionnellement.
Et pourtant, la santé mentale est l’un des angles morts de l’entrepreneuriat féminin.
Selon le baromètre 2025 de Madame Figaro x She’s Mercedes x Kantar, plus de 70 % des femmes entrepreneuses déclarent un niveau d’énergie moyen ou faible, et 48 % avouent se sentir régulièrement submergées par la charge mentale liée à leur activité.
C’est un chiffre qui fait réfléchir, car il ne s’agit pas d’un simple coup de fatigue passager. Il s’agit d’un état chronique d’épuisement émotionnel, physique et cognitif, souvent banalisé, parfois même valorisé à travers le mythe de la “girlboss” infatigable.
Derrière l’élan entrepreneurial : un quotidien souvent invisible
Créer son activité, c’est souvent répondre à un besoin d’autonomie, de sens, de flexibilité.
Mais derrière cet élan, les femmes entrepreneures font face à un empilement de pressions : il faut tout piloter, tout penser, tout assumer. Et souvent, le prix à payer est leur santé mentale.
Ce quotidien invisible, c’est :
Les montagnes russes émotionnelles d’une cliente qui annule, d’un imprévu de dernière minute,
Les insomnies qui ressemblent à des brainstormings forcés,
Les matins sans élan, les week-ends “juste pour avancer un peu”,
La culpabilité quand on ralentit,
La peur de l’échec… ou de la réussite.
On parle beaucoup de “syndrome de l’imposteur” — mais rarement de ce qu’il fait à long terme : une auto-pression permanente, un doute qui ronge la motivation, une fatigue difficile à verbaliser. Et trop souvent, ces signaux ne sont pas perçus comme des alertes, mais comme des “preuves qu’on n’en fait pas assez”.
Des fragilités structurelles, pas individuelles
Ce n’est pas une question de personnalité, ni de “manque de confiance”.
Ce sont des conditions structurelles qui fragilisent la santé mentale des entrepreneuses :
La solitude décisionnelle : pas d’équipe, pas de validation extérieure, peu de moments de partage d’expérience.
La pression financière : souvent une nécessité de rentabilité rapide, avec peu de marge d’erreur.
La surcharge mentale : penser au client, au budget, à l’administratif, à la stratégie… et aux courses du soir.
L’hyper-connexion : injonction à être visible, réactive, alignée — tout le temps.
L’absence de reconnaissance : pas de feed-back régulier, pas de “bravo”, peu d’ancrage collectif.
À cela s’ajoutent parfois des responsabilités familiales ou sociales plus fortes, une tendance à l’auto-exigence élevée, et une société qui valorise la performance plus que la régulation émotionnelle.
Des impacts réels et mesurables
Les troubles liés à la santé mentale chez les entrepreneuses sont bien documentés, même s’ils restent trop peu médiatisés :
Le burn-out entrepreneurial n’est pas un mythe. Il combine les symptômes classiques du burn-out (fatigue intense, cynisme, perte d’efficacité) avec l’isolement décisionnel et une culpabilité intense.
L’anxiété généralisée liée à l’incertitude constante (revenus fluctuants, dépendance à des clients, visibilité…) est fréquente.
La dépression masquée peut s’installer sans signes évidents, simplement par désengagement progressif.
Se préserver, ce n’est pas renoncer
Parler de santé mentale dans l’entrepreneuriat, c’est remettre en question un modèle qui glorifie l’agitation permanente.
Ce n’est pas une preuve de faiblesse. C’est une preuve de lucidité.
Et surtout, c’est un levier pour mieux entreprendre — plus alignée, plus sereine, plus durablement.
Prendre soin de soi, ce n’est pas “quand il restera du temps”. C’est une compétence entrepreneuriale à part entière.
Cela peut passer par :
Se faire accompagner (coaching, supervision, thérapie).
S’ancrer dans un collectif où la parole est libre.
Poser des temps de repos réels, pensés, non culpabilisés.
Redéfinir ses critères de réussite et de satisfaction.
En résumé
La santé mentale est une ressource.
Invisible, mais essentielle.
Quand elle s’épuise, tout le reste s’effrite.
L’entrepreneuriat peut être une voie d’émancipation.
Mais pour qu’il le reste, il doit s’accompagner de conscience, d’écoute de soi, et de pratiques qui permettent de durer dans le plaisir — pas dans l’épuisement.
Ce sujet mérite plus qu’un encart.
Il mérite qu’on en parle. Ensemble.
Sans honte. Et sans attendre que ça casse.
Et toi ?
Quand tu penses à ta santé mentale dans ton activité, qu’est-ce qui te vient en premier ?
Un signal d’alerte, une ressource précieuse à protéger, ou un équilibre fragile à cultiver jour après jour ?
J’aimerais beaucoup lire ton ressenti et ton expérience en commentaire 👇
À suivre dans cette série :
#4 – Fatigue et énergie : gérer son carburant invisible
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